Dès la seconde séance, le buste, déjà dégrossi, inaugurait une phase nouvelle. Goëthe, debout, posait, mais de loin encore, parlant avec mesure, écoutant avec intérêt. La conversation sur le mouvement poétique t littéraire de la France s’allumait tout naturellement aux portraits de nos compatriotes dont il avait agréć l’hommage. Il avait conservé de Cousin une impression renouvelée par cette évocation magique. – Je n’en ai pas fini avec lui, dit l’artiste: cet œil levé au ciel, je veux le représenter maintenant abaissé vers la terre, tel que je l’ai surpris aux heures de recueillement. – Mais l’on avait, à cette époque, de Cousin que la moitié. Le philosophe allait décroître et l’écrivain grandir à la publication d’un livre, expression passionnée de ses amours pour une morte de trois siècles. – Victor Hugo personnisiait, dans la pensée de Wolsgang, la croisade romantique dont il suivait les incidents, moins en poète ému qu’en observateur impassible, épris par-dessus tout des audaces de fond qui perçaient à travers les témérités de la forme. Sans doute que pour lui, libre écrivain, libre penseur, scellant et proclamant avec l’indépendance de sa raison ces deux libertés l’une par [– 114 –]l’autre, l’orthodoxie de la foi n’avait de refuge qu’à l’ombre et sous le joug du despotisme littéraire! – Des premiers il avait prophétisé l’avenir du précoce écrivain qui cachait le nom de Mérimée sous le masque de Clara Gazul. La vive, fière et ferme allure de cette plume, de ce stylet plutôt lui agréait. – [ Gräf Nr. 1722a: Sur le Faust illustré , nous le trouvâmes d’une réserve en désaccord avec les témoignages de chaleureuse sympathie qu’Ilenri Heine, vers le même temps, aurait recueillis de sa bouche. On est en droit de les contester. Le génie de Delacroix, essentiellement dramatique, tout d’imagination et de sentiment, avait moins déféré, dans l’interprétation du Faust, au point de vue railleur et sceptique, qu’il ne s’était complu au mouvement des scènes, au jeu des passions et à la splendeur des effets. Il a tiré à lui, il s’est montré lui-même, et, à ce titre, n’a pu se concilier les pleins suffrages d’un auteur moins soucieux d’un soleil que d’un satellite. L’interprète de Faust, au gré de Wolgang, c’était Retzsch. ]